
Oui je pense souvent à Henry Simon qui était un artiste merveilleux mais, en plus, un être exceptionnel. Lui, avec Monique, sa femme, moi, avec jean mon mari, nous formions deux couples inséparables pendant les vacances que nous passions tous les étés à Croix-de-Vie.Nous pouvions parler de tout : arts, littérature, famille, choses de la vie, pendant des heures avec un plaisir permanent. Bien entendu, la peinture et la photo étaient nos sujets principaux, toujours appréciés de nous quatre.Le départ prématuré d'Henry a été un énorme chagrin, mais il était toujours présent dans notre cœur et notre esprit. Mon mari, qui a photographié presque toutes ses œuvres, dont Dieu seul sait combien il y en a, en parlait sans cesse. Il est parti le retrouver là-haut, c'est ce que je souhaite de tout cœur.
Jeanne Louvel
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Avec Jean Louvel, la photographie se pare de couleurs rares, ses fondus, ses accents graphiques sont émouvants.
Henry SIMON
Derrière la chambre noire, il y a Jean LOUVEL, quelqu'un qui invente et qui impose des formes, c'est-à-dire, un artiste.
Michel MASSIAN
Les photos de Jean LOUVEL, soulignent la profonde sensibilité d'une création originale, dans laquelle peinture et photo ont trouvé leur juste mesure et leur complémentarité.
Gérard XURIGUERA
Ce photographe ne rapporte pas ce qu'il voit, il le transforme, il l'idéalise. N'avoir pas ressenti la perfection dans le choix du rêve et de la poésie, c'est ne pas avoir compris Jean LOUVEL, car le créateur et l'œuvre ne font qu'un.
VIDI
Les portraits d'ARMAN de CÉSAR et de TAKIS réalisés par Jean LOUVEL ont une densité et un poids humain qui vont au-delà de tous les effets esthétiques. On ne peut pas être indifférent devant de tels documents.
Pierre RESTANY
Jean LOUVEL ne laisse rien au hasard ou, au besoin, l'utilise, mais toujours sa griffe est présente, il sait que ce qui est photographique est avant tout graphique ; cependant il ira bien au-delà, avec lui la technique devient l'antichambre du rêve.
Jean LEROY, "Photo Revue"
Appareil photo + génie = Jean LOUVEL.
ARMAN
C'est en peintre et en poète que Jean LOUVEL traite la photographie, qui reste la photographie, et a qui depuis longtemps il a enseigné un langage neuf.
Jean-Marie DUNOYER, "Le Monde"
Jean LOUVEL dont le génie photographique a si bien recomposé le visage d'ALEXANDRE uni à celui d'EPHESTION.
Roger PEYREFITTE

Né à Paris en 1919, professeur de dessin technique, Jean LOUVEL, est un passionné de sport, de peinture, et de photographie. Il n'a jamais photographié que pour le plaisir et c'est aujourd'hui sa première exposition. Les 35 photos qu'il y présente sont l'aboutissement de milliers de diapositives méticuleusement composées et réalisées.Tout jeune, Jean LOUVEL aimait à regarder pendant des heures un peintre, un étalagiste, ou le fameux homme orchestre pour le seul bonheur d'observer. Mais perpétuel insatisfait, tout lui est énigme qu'il s'applique à résoudre, ou platitude qu'il rêve de transformer. Arrêté devant un beau paysage, il l'imagine avec "autre chose" qui le rendrait encore plus captivant, et ce qu'il cherche, c'est justement cet au-delà des choses dont parle le poète. Alors, il prend ses appareils, et déclenche lien noir et en couleur" des centaines de fois, variant les angles, les objectifs, les filtres, et, comme cela ne lui suffit pas, le voilà crayon ou pastels en main ! Comment pourrait-il combiner les deux, le visible et l'imaginaire ?Considérons par exemple une de ses Transparences, "Les Comédiens". L'idée de cette composition lui vient après avoir observé et photographié des mimes faisant leur numéro sur la voie publique. Cela le conduit à se documenter sur la technique du maquillage de scène et les fards, après quoi, il grime deux des enfants de son ami le peintre Henry SIMON. Alors commence la "valse des diapos", plus de cent pour cette seule scène. Après en avoir retenudouze, il peint à la gouache des fonds bleus et des fleurs des champs qu'il photographie (en surexposant et en sous-exposant) et il superpose le tout. A la projection, il corrige la composition par l'adjonction d'une fleur de haute tige pour redonner de l'importance au visage du personnage féminin, qui lui apparait trop effacé. C'est un travail de peintre. Ayant emprunté de nombreux modes d'expression, avec plus ou moins de bonheur, il reconnait que seule la photographie l'a passionné depuis toujours. Mais la photo comme il l'entend : un art poétique de son temps. "Mon rêve, "dit-il", c'est de faire rêver les autres", Il semble bien que cette exposition fasse de ce rêve une réalité.
ARMAN, CESAR, TAKIS
vus par JEAN LOUVEL

La façon dont Jean Louvel traite ces visages, en intégrant l'homme à l'œuvre, est tout à fait significative de la démarche de ces artistes. Il s'est livré à une opération - si l'on peut dire - photographique, qui relève à la fois de la documentation, de l'analyse, et de la synthèse, qui est une création à l'état pur. Ce qui est restitué dans l'éclat d'un regard, dans l'angle d'un visage, dans la relation essentielle de l'œuvre et de son auteur, c'est le langage d'une personnalité originale. Photos qui sont des œuvres, elles aussi essentielles, dans la mesure où l'auteur a trouvé ce point de rencontre qui exprime un climat, qui révèle entre le moment où l'homme étouffe l'œuvre et qui explique l'un par l'autre, et celle-ci par celui-là. Je pense que cette osmose, équilibre difficile entre le moment où l'homme étouffe l'œuvre, et celui où l'œuvre mange l'homme, permet de juger les artistes à la fois sur ce qu'ils sont et sur ce qu'ils font. Dans ce dosage extrêmement subtil réside l'art tout de précision du photographe, à la fois observateur et révélateur d'une réalité profonde qui serait la vérité de l'artiste. En fait, ces photographies, outre leurs qualités esthétiques évidentes, sont des témoignages humains d'une profondeur et d'une richesse singulières. D'avoir vu cette présentation, je me sens plus près de ces artistes que je croyais bien connaître. Le parcours visuel que me propose Jean Louvel m'en donne une connaissance plus approfondie. J'ai l'impression de retrouver ces trois personnages plus proches de moi, et le sentiment qui prévaut est justement cette intimité, cette espèce de complicité dans la présence. Lorsqu'une photographie délivre un tel message, c'est manifestement que l'auteur a su capter la vérité profonde de l'être, qui est la fin ultime du témoignage visuel. Je crois qu'il faut remercier Jean Louvel pour ce travail, qui nécessitait non seulement beaucoup de métier, mais aussi beaucoup d'intelligence. Le fait d'avoir joué sur des symboles précis, révélateurs du langage et du génie de chaque artiste - les signaux chez Takis, les violons éclatés chez Arman, le métal chez César - le fait d'avoir joué avec ces éléments organiques témoigne d'une grande puissance d'observation, mais je pense que Jean Louvel n'aurait pas réussi à rendre naturelle cette compénétration de l'homme et de l'œuvre s'il n'avait ajouté au métier l'amour du travail bien fait, et une sorte de passion dans la découverte de ses personnages, quête qui a conduit le photographe à pénétrer l'univers psychologique du créateur et de l'artiste, et l'univers formet de son langage. La constatation d'évidence que l'homme ne peut pas ne pas transparaitre à chaque détour de son langage donne au travail de Jean Louvel sa densité, son poids d'humanité qui va au delà de tous les effets esthétiques. On ne peut pas rester indifférent devant ce genre de documents, d'abord parce que ce sont de belles images, mais aussi à cause de la réussite introspective remarquable qu'ils représentent.
Pierre Restany
