
L'arc en ciel
N° 00129 dans le recensement de l'association les Amis d'Henry Simon
1950
Signée en bas à droite
Gouache sur papier
50 x 65 cm
Signée en bas à droite

En 1950, le couple Simon passe quelques semaines en Algérie à Kouba. Le pays fait forte impression sur le peintre. Déjà, depuis plus d'un siècle les artistes occidentaux se sont succédés en Orient, dans le Maghreb en particulier. C'est une révélation. Bien naturellement, Henry Simon trouve matière à représentation dans les scènes de rues; il poursuit ainsi ses recherches naturalistes ébauchées en Vendée. Néanmoins, la transformation la plus singulière se produit dans sa technique. Une lumière violente irradie les compositions. La couleur supplante le trait, devient plus chaude, plus acide. Simon juxtapose les couleurs pures, s'essaie à des contrastes inhabituels. On pense aux nabis (Le henné, gouache, 1950). Il ne faut également pas oublier que ce demi siècle coïncide avec la présence reconnue, affirmée et grandissante de l'art non figuratif. Dès la fin de la guerre, des artistes tels Bazaine ou Estève ont la faveur des critiques. Le parti affiché de ne pas se complaire dans « La fausse querelle de l'art abstrait » encourage les peintres déjà confirmés à envisager différemment leur « métier ». C'est sous cet éclairage que doit être envisagée la gouache d'Henry Simon, « l'arc en ciel ». Que voit-on ? Des femmes en djellaba, de dos, regardent un arc en ciel se lever à l'horizon. Noires ou blanches, comme les touches d'un clavier, elles se tiennent bien en ligne, abritées sous des parapluies. Sans trop exagérer, ces derniers nous délivrent de la tentation abstraite. L'artiste a juste suggéré une ligne d'horizon. On ne peut faire plus simple : le dessin a disparu pour laisser libre champ aux couleurs. La gouache passée en aplats de bleu, noir ou blanc, donne le volume. La brosse a parfois laissé des dégradés de gris. A gauche, un arc de cercle passant de l'orange au jaune, une virgule de rouge, coquetterie incongrue, rompent ou plutôt stimulent cette harmonie. Le tableau, extrêmement dépouillé, tire sa beauté de l'appel des couleurs, de la lumière irréelle de ces instants atmosphériques. Cette gouache de Simon témoigne étrangement de recherches formelles communes à de jeunes artistes alors réellement inconnus. En 1950, Nicolas de Staël s'attache à des compositions abstraites avec le même choix de couleurs. Quelques années plus tard, son style s'épanouit avec ses paysages. Rapprochement de pure coïncidence, bien sûr, mais qui marque bien l'individualité d'Henry Simon, sa faculté de lire différemment un paysage.
Benoît DECRON Conservateur Musée de l'Abbaye Sainte Croix
Les Sables d'Olonne